Poésie et amitié

Le Port d’attache à Manifesten ? Voilà une rencontre qui semblait jusque là bien improbable. En cause le peu d’intérêt porté à nos livres lors de l’ouverture, voici deux ans, de ce haut lieu de la poésie contemporaine à Marseille. Mais la poésie, comme la raison, a ses ruses. Comme, par exemple, une invitation lancée à la revue mosellane « Traction Brabant » et à son infatigable animateur Patrice Maltaverne (qui gère aussi les éditions du Citron-Gare). L’amitié que nous lui portons devait faire le reste. Patrice avait très bien planifié les choses puisqu’il avait invité, jeudi 5 février, pas moins de 12 poètes marseillais, octroyant à chacun un temps de lecture d’un quart d’heure. Durant cette froide soirée, ils (et elles) se succédèrent à la table de lecture, lisant des inédits ou – comme votre serviteur – des textes publiés dans la revue. Ce fut Lionel Mazari qui ouvrit, de sa voix puissante, les réjouissances vers 19H15. Et Antonella Fiori qui ferma le bal, vers 23H, juste précédée par Laurent Bouisset et ses textes percutants. Une mention pour Laura Vasquez et sa performance vocale qui retint toute l’attention du public. Car l’un des bénéfices de cette soirées fut de faire se rencontrer des gens qui, quoique vivant dans la même ville et partageant un même gout pour la poésie, ne s’étaient jamais croisés jusqu’ici. Ou de permettre aussi de mettre des visages sur des signatures pourtant familières (comme celles de Kelig Nicolas ou Daniel Birnbaum). Bref, une soirée étonnante et stimulante, à marquer d’une pierre blanche – ce qui est d’autant plus facile qu’il neigeait, ce soir-là, sur Marseille. Et qui démontre encore une fois que nul n’est prophète en son pays.

J L