Poétesse libanaise d’expression
française, Michèle Hourani est l’auteure
de plusieurs recueils de poèmes, dont Au bord du ciel, un chemin
paru cette année aux éditions l’Harmattan. Par ailleurs, trois de ses poèmes
ont déjà été adaptés en chansons.
Profondément lyrique et traversée par une inquiétude métaphysique, son œuvre questionne
l’absurdité du monde actuel. Comme cette Complainte d’un arbre
qui, sur un mode allégorique, rappelle la fragilité de la paix au Liban. Nous
la donnons à lire accompagnée par une calligraphie de l’auteure. J L
Complainte d’un arbre
Je suis le grand chêne
M’avez-vous reconnu ?
Le seul grand arbre
Qui reste dans l’avenue
Je suis profondément enraciné
À l’entrée de votre cité
Dans les nuages, les yeux levés
Et les branches bien déployées
J’accueille les gens pressés
À grands bras ouverts
J’ombrage les oiseaux de la terre
Et les rêves des bien-aimés
Ma terre s’est rétrécie
Car la ville s’est agrandie
Ce qui m’effraie la nuit
Ce n’est pas mon ciel gris
C’est que par un jour ensoleillé
On oubliera mon existence passée
Car je serai mort calciné
Par une belle voiture piégée !
Michèle HOURANI