« En perte impure », de Thibault Marthouret (éditions le Citron-Gare)

Aujourd’hui comme hier, la publication en revues reste le passage obligé pour la plupart des poètes, qu’ils soient débutants ou chevronnés, à la recherche d’une tribune pour une œuvre en devenir. Ce parcours est, semble-t’il, celui aussi de Thibault Marthouret, dont les éditions le Citron-Gare publient un élégant recueil, « En perte impure » - tout un programme !-. Il rassemble ici des textes ayant fait l’objet d’une première publication collective (comme « Jour de départ » dans « Décharge » ou « Le phare a disjoncté » dans « Traction-Brabant »), mais aussi bien des inédits. L’inspiration de Thibault Marthouret se déploie à travers des séries poétiques (« Distille », « Gut feeling », « Cardia »), mais aussi des poèmes ayant leur propre unité (« En Crète », « Les framboises »). Tour à tour sèche et lyrique, elle tend parfois vers la prose poétique, voire la (courte) nouvelle (« Gut feeling 1 »). Thibault Marthouret a, notamment, l’art de saisir les petites sensations et les turbulences intérieures. Ce qui donne parfois des poèmes aussi saisissants que « Cardia 2 » (dont un extrait suit ici) : « J’entends des voix que je ne comprends pas Mais sur la langue, la sève exangue Pénètre, acerbe, comme le passé. » Je ne connais pas assez Thibault Marthouret pour en parler longuement, mais je peux dire, à la lecture de ses textes, qu’il a déjà une voix poétique qui ne demande qu’à résonner plus amplement. Dommage qu’une petite présentation biographique n’accompagne pas cet ouvrage à la mise en page soignée. On saluera, pour terminer, les illustrations – photos souvent pixellisées – de Laure Chapalain.

 Prix de l’ouvrage : 10 euros. A commander directement chez l’éditeur par Internet (voir lien) ou à l’adresse suivante : 4 place Valladier, 57000, Metz

 Jacques LUCCHESI