Auteur d’une trentaine de recueils de poésie et de nouvelles, ainsi que
d’essais notamment sur Orwell, Jacques Lucchesi nous propose cette fois
quatre textes passionnants. Le premier porte le titre ─ percutant et
allant à l’essentiel ─ du recueil. Sans méconnaître la part innée de la
féminité, l’auteur analyse sa genèse et les mythes qui l’imprègnent. Il
s’agit bien d’une construction, de même que pour la virilité. L’approche
pluridisciplinaire, surtout psychologie, sociologie, histoire et
économie, fait le point des recherches récentes sans jargon ni
abstraction avec une langue élégante. L’essayiste analyse finement la
métamorphose des rôles masculin et féminin, la puissance érotique des
vêtements féminins et leurs répercussions économiques ─ le passage sur
le rouge à lèvres m’a paru savoureux et drôle. Finalement, malgré les
bouleversements de notre époque, nous constatons avec l’auteur la
permanence de la notion de féminité.
Le sujet du deuxième texte nous interpelle autant : qui n’a pas un jour
éprouvé la honte ? L’analyse philosophique, qui fait dialoguer
Descartes avec Spinoza, Aristote avec Sartre, nous permet d’approfondir
la question. La honte est mise en relation avec la pudeur, la
culpabilité autant qu’avec le regard du groupe. Là aussi, le lecteur
avance dans la compréhension d’un sentiment, de sa genèse.
Les
deux derniers essais, sur la prostitution et le tourisme, ne sont pas
moins stimulants pour la réflexion. Personnellement je suis sorti de la
lecture de ce livre avec le sentiment de mieux me connaître et l’envie
de lire ou relire d’autres ouvrages qui y sont évoqués.
(éditions Edilivre 2013. 14 euros)
Jean BENSIMON