ROMANCIERS DE TOUS LES PAYS, DÉLIONISEZ-VOUS !


Au mois de juin dernier, l’Association Plumes d’Azur informait ses adhérents sur l’organisation prochaine du Prix Lions du roman régional. Me laissant exceptionnellement tenter, j’écrivis à Monsieur Alain Thiriez, responsable désigné de ladite organisation, le priant de bien vouloir m’adresser le règlement du Concours, auquel j’envisageais de participer en présentant un roman.
Le lendemain, Monsieur Thiriez me communiqua la pièce demandée, non sans m’indiquer que, si je souhaitais être retenu pour la présélection, il convenait que je lui fournisse plus d’informations sur mon livre. 
Bien que trouvant surprenante une requête de cet ordre (ma naïveté m’inclinant à penser qu’on ne saurait livrer un commentaire sur un livre donné qui soit plus instructif que le livre lui-même), je n’en fis pas la remarque, et me pliai courtoisement à sa demande, lui fournissant un aperçu sur le genre et la teneur de l’ouvrage.

En réponse à mon courrier, pour mon grand et second étonnement, Monsieur Thiriez m’adressa ces mots : « Je vous répondrai dans quelques jours pour vous dire si votre livre est retenu dans la présélection et, dans ce cas, je vous demanderai deux livres. »

Les jours suivants, un autre message me parvint : « Cher Monsieur, Afin de compléter votre dossier, j'ai besoin de savoir si vous avez publié d'autres romans depuis Les Passagers de La Tartane. Merci de votre prompte réponse. Très cordialement »

Cette fois encore, bien qu’ayant compris que la « présélection » annoncée allait s’établir sur des choix totalement étrangers à la nature du livre proposé, je pris le parti de jouer ce jeu de dupes en me livrant à un étalage d’indications bio-bibliographiques propres à rassasier la curiosité de mon distingué correspondant.

Une première réponse, entachée de confusion, ne tarda pas : « Cher Monsieur,
 Je suis au regret de vous annoncer que nous n'avons pu, malgré son intérêt, retenir votre livre "Le livre perdu" dans notre présélection. Je vous retournerai votre livre début août. Je vous remercie de votre participation. Très cordialement… »

Désormais amusé, je ne pus que le laisser paraître : « Cher Monsieur, Malgré vos aimables excuses, relatives à un copié-collé qui est censé m'expliquer une erreur, j'ai du mal à comprendre comment vous pourriez me retourner un livre que je ne vous ai pas envoyé. Me feriez-vous l’amitié d’une précision ? D’avance, merci. Cordialement… »

Deuxième réponse (intégrale) d’un Monsieur Thiriez très pressé :« Pardon pour ce mauvais copié-collé. Il s'agissait bien des “Passagers de la Tartane”. »

Le terme que réclamait de toute urgence la haute fantaisie de cet échange épistolaire me tomba de la plume avec ces derniers mots :  
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« Cher Monsieur, Soyez chaleureusement remercié pour votre explication, si généreusement détaillée, d'où il ressort que votre méthode de sélection des auteurs ne vous impose aucunement d'en consulter les ouvrages. Permettez-moi, en cette occasion, de vous dire toute l'admiration que m'inspire la prodigieuse sagacité littéraire du Lions Club. Pour ne rien dire de la rigueur intellectuelle de ses critères. Toutes mes félicitations. H.-M. P. »


Je me permets de les soumettre ici à l’attention de mes confrères plumitifs que tenterait l’aventure carnavalesque d’une « présélection » dans le cadre léonin du Club en question.


Henri-Michel POLVAN