Avec Thierry Dessolas, voyageur retrouvé sur l’océan du Web, c’est tout un monde qui resurgit dans ma mémoire : celui des années 80 et des fanzines de poésie qui fleurissaient tous azimuts. Veut-on quelques noms où nous avions nos entrées ? La Poire d’Angoisse, Le Dépli Amoureux, la Guirlande d’Electre ou encore Cortex de nuit. Un seul mot d’ordre alors, pour les jeunes poètes que nous étions : l’expérimentation de tous les possibles verbaux. C’est ce même souffle, dans la mouvance de la poésie orale, que l’on retrouve dans le poème qui suit. J L
Pas de femme, pas
de troupeau
Pas de témoin,
pas de crime
Pas de géant,
pas de rêve
Pas de socle, pas
de statue
Pas de fumée,
pas de feu
Pas d’ici, pas
de ça
Pas de cap, pas
de cheveu
Pas de bec, pas
d’aile
Pas d’elle, pas
de lui
Pas d’heure,
pas de train
Pas d’herbe,
pas de terre
Pas d’os, pas
de soi
Pas de tir, pas
de sens
Pas de vue, pas
de vous
Pas d’art, pas
d’air
Pas de porte, pas
de chance
Pas de monde, pas
de sortie
Pas de deux, pas
de mais
Pas de ciel, pas
de quoi
Pas de voile, pas
de mariée
Pas de son, pas
d’image
Pas de jeu, pas
d’autre
Pas de problème,
pas de solution
Pas de nouvelle,
pas de Roland
Pas d’olifant,
pas de charge
Thierry
Dessolas