La guerre des mondes (Isac éditions)


    

 Curieux – mais coquet – objet littéraire que La guerre des mondes, petit collectif d’écritures publié l’an dernier aux éditions Isac. Il ne faut pas chercher, dans cet intitulé, la trace d’Orson Welles et de son célèbre canular radiophonique ; bien plutôt celle de Samuel Huntington et de son Choc des civilisations. Car cet ouvrage, coordonné par le journaliste Salvatore Lombardo, se veut une condamnation littéraire du terrorisme islamique et des attentats démentiels qui ont endeuillé la France en 2015-2016. Jusque là, je crois que tous les lecteurs seront d’accord. Si parmi les (brèves) contributions qu’il regroupe, quelques-unes  sont signées par des auteurs de prestige (Michel Butor, Paule Constant ou même Patrick Poivre d’Arvor), ce n’est pourtant pas chez eux qu’on trouve les réflexions les plus originales sur ce terrible phénomène, mais chez des « outsiders », comme l’homme de théâtre qu’est Gérard Gélas qui écrit, dans son  Ah les étrangers ! : « Le seul étranger, en quelque lieu de la terre que ce soit, c’est le meurtrier. ». Voilà une vérité millénaire et qui n’est pas prête d’être caduque. Néanmoins, la véritable vedette de ce petit livre est le poète-plasticien Thierry Lambert. On le retrouve de page en page, à travers ses illustrations qui reflètent la beauté formelle de son œuvre peinte ; laquelle, tant par ses motifs que par sa palette chaude et joyeuse, évoque l’art des peintres traditionnels de l’Australie et du Mexique. C’est aussi l’excellence de sa dimension graphique  qui fait l’intérêt de cet ouvrage singulier.

(Editions Isac, 10 euros)

Jacques Lucchesi