Facteur à la retraite de 73
ans, Robert Cottard est un homme heureux. Les calendriers, un recueil
d’anecdotes comme on les aime bien en France, vient d’être publié par les
éditions de l’Olivier. Depuis, le retraité-écrivain est devenu la coqueluche
des médias qui multiplient les articles sur son ouvrage.
Ce livre n’est cependant pas un coup d’essai. Précédemment, il avait
publié pas moins de sept recueils du même acabit, mais à compte d’auteur et
sans succès autre que dans son proche entourage. Pourtant, ils n’étaient guère
différents de celui à qui il doit aujourd’hui sa notoriété.
Qu’est-ce que cette histoire
signifie donc ? Que, de nos jours, c’est l’éditeur qui fait le succès d’un
livre et pas sa qualité intrinsèque. Qu’importe le contenu si c’est Gallimard,
Grasset ou l’Olivier qui l’éditent ? Ainsi, le lecteur lambda et, avant
lui, les libraires, vont supposer que le livre est bon puisque c’est un éditeur
réputé qui le publie. On admettra tout de même que les choses ne sont pas aussi
simples. Et que de bons livres peuvent très bien ne pas être repérés par des
éditeurs qui pourraient en assurer le succès, vu la masse exponentielle de la
demande éditoriale. Peut-être finiront-ils par être édités, mais d’une façon
trop confidentielle pour leur offrir une large visibilité. Dommage pour leurs
auteurs. Et tant mieux pour Robert Cottard qui mérite certainement la chance
tardive qui lui arrive.
Jacques Lucchesi