Peuple éprouvé par l’Histoire que les Kurdes. On sait
avec quels arguments militaires la
Turquie d’Erdogan considère leur demande d’indépendance et de reconnaissance politique,
sans que la communauté internationale n’y apporte une réelle opposition. Ils
ont pourtant été aux avant-postes dans la lutte contre Daesh pendant plusieurs
années, repoussant avec une rare vaillance les sicaires fanatisés de l’EI dans
le nord de la Syrie. Aussi, quand Ferruccio Brugnaro m’a envoyé ce poème en
forme d’hommage, j’ai eu aussitôt l’envie de le faire connaître, tellement son inspiration, nourrie par les soubresauts du monde, est
devenue marginale dans la poésie contemporaine. Nous le donnons à lire ici dans
la traduction de Jean-Luc Lamouille. J L
Un jour le peuple kurde
En ces jours la mort
Commande sarcastique
Sur toute la terre.
Le cœur des enfants kurdes
A genoux en ces heures
Brûle
Dans un martyre
Et une solitude
Cruels.
Où nous cacherons-nous un
jour
Quand le peuple kurde
Descendra en aval
Dans nos villes
Sur nos routes ?
Baragouinerons-nous encore
avec arrogance
L’ordre international
La convivialité, les règles
civiles ?
Où nous réfugierons-nous,
comment éviterons-nous la honte ?...
Un jour le peuple kurde
Descendra des montagnes
Avec le poids de
l’extermination dans l’âme
Avec l’angoisse de ces nuits
Terribles et ces neiges
Avec la terreur glaciale
Des fusils pointés
Les bombes sur la tête.
Comment pouvons-nous évoquer
encore l’amour
Comment pouvons-nous évoquer
encore la vie ?
Il n’y aura aucun abri
Nous ne trouverons aucun
abri.
Le peuple kurde reviendra en
aval
Un jour…
Nous ne trouverons plus, nous
ne trouverons plus
D’explications claires
Nulle part.
Ferruccio Brugnaro