Si,
sous l’angle philosophique, notre époque redécouvre des pensées antiques, comme
le stoïcisme, par l’entremise d’habiles vulgarisateurs ; si l’on commente
toujours la philosophie politique d’Aristote, de Hobbes ou de Rousseau, on a
occulté, semble-t’il, la richesse de la
philosophie française de la première moitié du XXeme siècle. Loin d’être
limitée à l’existentialisme sartrien et aux études hegeliano-marxistes, elle vit l’émergence
d’un courant de pensée plus spiritualiste : le personnalisme.
Porté par des penseurs comme Emmanuel Mounier,
Gabriel Marcel ou Maurice Nédoncelle, le
personnalisme devait attirer des philosophes étrangers que les convulsions de
l’Histoire avaient contraints à fuir leurs pays d’origine. Ce fut le cas pour
le russe Nicolas Berdiaev, en lutte
contre le matérialisme soviétique, et pour Martin
Buber, juif autrichien qui questionnait, tout comme Emmanuel Lévinas, la réciprocité des consciences et la richesse
de la pensée hébraïque. Quant à Gaston
Bachelard, grand philosophe français des sciences, il fut aussi un esprit
ouvert à la poésie et fit de l’imagination appliquée aux éléments du monde un
vecteur de connaissance.
C’est à partir des archives du centre de
Pontigny et des rencontres philosophiques qui s’y déroulèrent pendant plusieurs décennies, que Jean-Luc Pouliquen (poète et essayiste) a entrepris de revenir sur le
parcours de ces trois figures majeures de la pensée et des échanges féconds
qu’ils entretinrent jusqu’au bout. Il en résulte un petit essai (93 pages)
richement documenté, mais que l’écriture fluide et sans jargon ne réserve pas
qu’aux seuls spécialistes. En soi il constitue une parfaite initiation à la
lecture de ces trois philosophes que l’auteur appelle – un peu cavalièrement –
les 3 B.
On peut le commander, contre
la modeste somme de 7,90 euros, en s’adressant directement à l’auteur : jeanlucpouliquen@hotmail.com
Jacques LUCCHESI