Pierre Andréani : Litanie pour possession

 

 

 

 

 Ce nouveau recueil de Pierre Andreani, paru en ce début d’année aux éditions Sans escale, confirme l’évolution de son écriture poétique entamée avec Hormis la joie, en 2021. Ici plus de vers ample et narratif, comme dans L’écoeuré parlant (2019), mais une succession de courts poèmes secs et sans titre, sans aucune recherche du mot rare ou de la belle image. Il ne s’agit plus, pour notre poète, de fixer l’écume du  langage, mais d’interroger le processus même de l’énonciation poétique, quitte à briser le rythme prosodique et à éluder le « je » au profit d’autres formes pronominales. Pourtant, à le lire attentivement, c’est aussi de lui que Pierre Andréani nous parle, mais sur le mode du murmure:

Tandis qu'on vous

Travaille au corps

Ici,

La vilaine expression matinale

de votre voisin

Familiarité sans signification,

Brutale

 Reste que le vrai moteur de son écriture est la quête d’un art poétique sans facilité. Elizabethan clown, la coquette illustration de première de couverture de Will Kemp, ajoute à la dimension  hermétique de l’ensemble. Du beau travail, assurément, malgré quelques obscurités


 Jacques Lucchesi

(Litanie pour possession, 65 pages, 13 euros)