Relevé dans un autre livre
d’Andreani, un recueil de poèmes intitulé Un tel bombardement (Editions
Milagro) : « la vie est long voyage à couvrir en diariste ».
Cette phrase rend parfaitement compte du climat intimiste dans lequel nous
transporte ce bref récit de voyage dont l’itinéraire, entre atterrissage (avril
2011) et le retour (décembre de la même année) commençant et finissant à Buenos
Aires, avance vers le sud (Rosario, province de Santa Fé), descend dans
l’Uruguay (Montevideo, sur les traces d’Isidore Ducasse), remonte par Mar del
Plata où se visite la Villa Victoria Ocampo, et se donne Cordoba pour étape
finale. Cependant ce « tracé » n’a que très peu à voir avec un guide
touristique. Il se présente plutôt comme un sismographe d’humeurs devant les
spectacles nouveaux qu’offrent les paysages et l’humanité sud-américaine :
« au détour d’un hangar, cuivres lancinants, rythmiques soulevées, la
fièvre me tombe dessus comme une pluie d’argent. » Des récits de rêves
interrompent la relation objective du voyage. Ce sont de belles
échappées : « Mon âme, ce sont des lances vers le ciel arquant de
bois les hémisphères. » La découverte de ce mince cahier permet
de mieux ressentir l’ardeur violente du petit livre cité au début de cette
note. Une voix qu’il faut entendre, au double sens du mot.
André
Ughetto
(In Phoenix – cahiers littéraires
internationaux – n°26 – Automne 2017)