Pierre Andreani, Cahier d’Argentine, Editions du Port d’Attache


Relevé dans un autre livre d’Andreani, un recueil de poèmes intitulé Un tel bombardement (Editions Milagro) : « la vie est long voyage à couvrir en diariste ». Cette phrase rend parfaitement compte du climat intimiste dans lequel nous transporte ce bref récit de voyage dont l’itinéraire, entre atterrissage (avril 2011) et le retour (décembre de la même année) commençant et finissant à Buenos Aires, avance vers le sud (Rosario, province de Santa Fé), descend dans l’Uruguay (Montevideo, sur les traces d’Isidore Ducasse), remonte par Mar del Plata où se visite la Villa Victoria Ocampo, et se donne Cordoba pour étape finale. Cependant ce « tracé » n’a que très peu à voir avec un guide touristique. Il se présente plutôt comme un sismographe d’humeurs devant les spectacles nouveaux qu’offrent les paysages et l’humanité sud-américaine : « au détour d’un hangar, cuivres lancinants, rythmiques soulevées, la fièvre me tombe dessus comme une pluie d’argent. » Des récits de rêves interrompent la relation objective du voyage. Ce sont de belles échappées : « Mon âme, ce sont des lances vers le ciel arquant de bois les hémisphères. » La découverte de ce mince cahier permet de mieux ressentir l’ardeur violente du petit livre cité au début de cette note. Une voix qu’il faut entendre, au double sens du mot. 
André Ughetto


(In Phoenix – cahiers littéraires internationaux – n°26 – Automne 2017)